« 45% DES SALARIÉS DU BRT PROVIENNENT DES COMMUNES TRAVERSÉES » CHEIKH YATT DIOUF, DG DE DAKAR MOBILITÉ
Le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, lancé il y a sept mois, a rapidement attiré l’attention en raison de son impact sur le transport urbain de masse. Lors de son passage dans l’émission Salam Sénégal, Cheikh Yatt Diouf, directeur général de Dakar Mobilité, a partagé des informations cruciales sur le système, ses réussites, mais aussi les défis à relever pour améliorer son efficacité.
Depuis sa mise en circulation, le BRT a transporté plus de 10 millions de voyageurs, un résultat impressionnant qui témoigne de l’acceptation rapide du public. Cheikh Yatt Diouf se réjouit des progrès accomplis : « 21 stations sur 23 sont désormais fonctionnelles, et d’ici février, les deux autres stations seront ouvertes », a-t-il annoncé. Le système, qui a su respecter les engagements en termes de ponctualité et de régularité, commence à atteindre la vitesse commerciale souhaitée, bien que le nombre de passagers par heure soit encore en développement.
Le directeur général souligne qu’avec une capacité de transport de 10 000 à 15 000 voyageurs par heure, l’objectif est d’augmenter la fréquence des bus. Cependant, cette amélioration progressive est liée à l’achèvement des infrastructures et à la stabilisation du système.
Le BRT ne se contente pas d’être un système de transport moderne : il incarne un changement majeur dans la manière dont les Dakarois se déplacent. « Dakar est une presqu’île avec peu d’espace, donc pour résoudre les problèmes de congestion, il faut privilégier des systèmes capacitaires comme le BRT », explique Cheikh Yatt Diouf.
En plus de répondre à des besoins de transport massifs, le BRT contribue à la réduction de la pollution en diminuant les émissions de CO2, une avancée majeure pour l’environnement. Il se distingue également par la qualité de son service, offrant des bus climatisés, du confort, de la sécurité, et même un accès Wi-Fi, une première pour les transports en commun à Dakar. Les transactions sont également digitalisées, permettant aux voyageurs d’acheter leurs billets via leurs téléphones.
Bien que le système ait rencontré un grand succès, des défis demeurent. « L’une des difficultés majeures est la traversée fréquente des piétons, qui perturbe la circulation des bus », explique le directeur général. Ce phénomène a diminué grâce aux campagnes de sensibilisation, mais il persiste encore dans certaines zones.
Il y a également des problèmes de comportement à bord, comme le non-respect des places prioritaires ou l’utilisation abusive des téléphones. Ces comportements sont encadrés par un règlement strict et supervisés par 165 agents de contrôle.
Un autre défi concerne la circulation des motos et des taxis qui, malgré les interdictions, continuent de créer des accidents, notamment en tournant à gauche sur des voies réservées.
Le BRT prend en compte l’emploi local dans les 14 communes traversées par la ligne. Cheikh Yatt Diouf explique que 45% des salariés du BRT proviennent des communes traversées. Cela a été rendu possible par une communication active pendant le recrutement, et les jeunes bénéficient de conditions de travail avantageuses, au-delà des exigences du code du travail.
Le directeur général se projette dans les années à venir, avec plusieurs défis à relever. Le premier est l’achèvement des stations restantes pour une mise en service totale du BRT. Il ambitionne également de renforcer la digitalisation des services, notamment l’élargissement des cartes d’abonnement et l’interopérabilité, permettant aux usagers de voyager sur différents moyens de transport public avec un seul titre de transport, comme dans les grandes villes du monde. Avec ces projets en tête, le BRT de Dakar s’inscrit dans une vision à long terme visant à transformer le transport urbain et à en faire un modèle de transport de masse pour l’Afrique.