BUDGET 2025 : « VERS LE RECOURS À L’ARTICLE 86 DE LA CONSTITUTION POUR UN VOTE SANS DÉBAT », ABASS FALL
Invité du journal de 20h sur la RTS, le ministre du Travail et des Relations avec les Institutions, Abass Fall, a justifié la décision du gouvernement de recourir à l’article 86 alinéa 6 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi de finances 2025. Cette procédure, qui engage la responsabilité du gouvernement sur le vote sans débat, sera présentée à l’Assemblée nationale ce samedi par le Premier ministre, Ousmane Sonko.
Revenant sur le contexte particulier, Abass Fall a évoqué une série d’événements qui ont marqué l’année 2024, notamment l’alternance politique en mars et la dissolution de l’Assemblée nationale en octobre. Ces circonstances ont conduit à des élections législatives en novembre et à l’installation de la nouvelle Assemblée le 2 décembre, laissant très peu de temps pour un examen classique du budget.
« Entre le 2 décembre et maintenant, nous avons fait un sprint budgétaire, même en commission. Les ministères passaient au rythme de trois ou quatre par jour, de 9 heures à minuit », a expliqué le ministre. Malgré ces efforts, les délais restants ne permettent pas un vote classique du budget en plénière.
Face à ces contraintes, le gouvernement a décidé de s’appuyer sur l’article 86 alinéa 6 de la Constitution, qui permet de faire voter le budget sans débat en séance plénière. Abass Fall a précisé que cette démarche, bien que rare, est prévue par la loi et s’inscrit dans les prérogatives du gouvernement.
« Le seul problème ici, c’est qu’il n’y aura pas de débat en plénière. Mais il y a eu tous les débats nécessaires en commission technique », a-t-il assuré.
Reconnaissant que ce procédé prive les parlementaires de l’exercice oratoire en plénière, souvent utilisé pour s’adresser directement aux Sénégalais, le ministre a néanmoins insisté sur les urgences nationales qui imposent cette décision.
« Nous n’avons aucun problème avec les débats démocratiques. Mais les priorités du pays nous obligent à recourir à cette disposition constitutionnelle », a-t-il ajouté.
Abass Fall a également souligné que des cadres de dialogue et de débat subsistent, notamment à travers la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre, qui offrira un temps de parole à toutes les composantes de l’Assemblée nationale, y compris l’opposition et les non-inscrits.
Le ministre a rappelé que l’Assemblée nationale conserve ses prérogatives de contrôle, comme les questions écrites et orales. Il a toutefois insisté sur l’importance d’adopter rapidement le budget pour permettre au gouvernement de répondre efficacement aux attentes des Sénégalais.