La campagne de commercialisation arachidière pour l’année 2024-2025 se déroule dans de bonnes conditions à Sédhiou, avec 194 tonnes d’arachides collectées dans les deux principaux points de vente de la région, Bogal et Tankon, situés dans le département de Bounkiling. Le Directeur régional du développement rural (DRDR), Casimir Adrien Sambou, s’est félicité du bon démarrage des opérations et du respect du prix plancher fixé à 305 francs CFA par kilogramme, une mesure entrée en vigueur depuis le 5 décembre dernier sur l’ensemble du territoire national. 

Selon M. Sambou, ce prix plancher est un signal positif pour les agriculteurs. Il a souligné que l’agriculture sénégalaise, largement subventionnée par l’État à travers la fourniture de matériel agricole, de semences et d’engrais, doit permettre aux producteurs de bénéficier des retombées économiques. « Si cette campagne se révèle concluante, elle pourrait devenir une année de référence, avec des hausses de prix significatives à venir », a-t-il estimé. 

Cependant, les producteurs de Bounkiling, tout en reconnaissant les efforts du gouvernement, espèrent une augmentation du prix pour refléter les coûts réels des travaux agricoles. Thierno Mbaye, un grand producteur du village de Touba Fall, salue l’initiative de plafonner le prix à 305 francs CFA, mais plaide pour une révision à 350 francs CFA. « Avec des graines de bonne qualité cette année, un prix plus élevé nous permettrait de mieux couvrir les dépenses liées aux activités agricoles », a-t-il déclaré. 

Certains producteurs dénoncent les pratiques des usines locales, accusées de retarder les paiements malgré les tonnes d’arachides collectées. Thierno Mbaye appelle le gouvernement à imposer des délais stricts pour le règlement des producteurs afin d’éviter les difficultés financières liées aux bons non honorés. 

En outre, le blocus imposé sur les ventes aux acheteurs étrangers, notamment chinois, est perçu comme une entrave à la compétitivité des prix. Abdoulaye Ba, un jeune agriculteur de Diendé, a exprimé sa frustration face à cette restriction, qui, selon lui, limite les opportunités de revenus pour les producteurs locaux. 

La présidente des groupements féminins « Bokk Jom » de Touba Fall, Saye Mbaye, a également pris la parole pour plaider en faveur d’un soutien renforcé aux femmes productrices. Elle a demandé des financements accessibles, des infrastructures de stockage, et des équipements agricoles adaptés, essentiels pour améliorer les conditions de travail et l’autonomie économique des femmes rurales. 

Malgré ces défis, les acteurs restent optimistes quant à l’avenir de l’agriculture dans la région. Avec des récoltes prometteuses et des graines de qualité, cette campagne pourrait poser les bases d’une meilleure valorisation de la production arachidière dans les années à venir. Cependant, des ajustements économiques, notamment sur les prix, seront nécessaires pour répondre aux attentes des producteurs et garantir une rentabilité durable.