LÉGISLATIVES 2024 : LES SÉNÉGALAIS ENTRE SCEPTICISME ET ESPOIR FACE AUX DISCOURS DES CANDIDATS
La campagne pour les élections législatives entre dans sa dernière semaine. Lancée le 27 octobre, elle doit prendre fin le 15 novembre à minuit. Au total, 41 listes de partis politiques, d’associations et d’entités légalement constituées ont pris part à la course. Après deux semaines de discours et de rencontres avec l’électorat, les citoyens commencent à se prononcer sur les propositions des différents candidats. Si certains se retrouvent dans certains discours, d’autres, au contraire, se disent indifférents à la politique.
Vingt et un jours pour parcourir le Sénégal, ou du moins ses villes principales, afin de séduire l’électorat et gagner une place à l’Hémicycle. Les candidats et leurs militants n’ont pas tardé à investir le terrain et à multiplier les discours. Cependant, à l’approche de la fin de la campagne, plusieurs citoyens se montrent déçus par la teneur de ces propos et attendent davantage de substance à moins de cinq jours de la clôture.
Un choix déjà fait pour les législatives
Au quartier Fass Delorme de Dakar, nombreux sont ceux qui semblent peu préoccupés par les discours politiques. Ce matin du 12 novembre, les discussions portent plutôt sur l’attaque de la caravane de Pastef à Saint-Louis. Dans les rues et autour des gargotes, les conversations vont bon train. À proximité du marché, une cantine d’une agence de téléphonie, un stand de petits-déjeuners désert et un kiosque de la loterie nationale se trouvent au centre d’une animation discrète.
Amadou Souané, le gérant du kiosque, est un homme de la quarantaine au physique mince et teint sombre. Bien qu’il ait écouté les discours de nombreux candidats, il précise ne pas avoir écouté tout le monde, car « ils sont nombreux ». Pour lui, le choix est déjà fait. « Un homme politique peut avoir la volonté de réaliser ses ambitions, mais parfois, ce sont son entourage et les circonstances qui l’en empêchent. » Il soutient l’idée d’une contribution accrue à l’économie du pays, soulignant qu’il est essentiel que « ceux qui ne sont pas sénégalais contribuent à notre économie », insistant sur le fait qu’on ne peut pas « gagner de l’argent et le rapatrier sans participer au développement du pays d’où il provient ».
Originaire de Casamance, dans le sud du pays, Amadou regrette néanmoins les violences qui marquent la campagne. Selon lui, « l’hostilité entre les politiques ne cesse de croître », et il appelle à la « paix et au calme ».
« Mettons le pays sur les rails »
Un appel similaire à la paix est formulé par Sékou Sambou, un vieil homme assis sur un banc à côté du kiosque. Vêtu d’une chemise à manches courtes et d’un pantalon couleur chocolat, il tient un journal dans une main et des lunettes dans l’autre. Sa voix tremblante, marquée par l’âge, exprime une grande sagesse. « L’opposition n’a pas de programme de campagne », déclare-t-il. À ses yeux, « les élections législatives ne sont qu’une formalité, car les Sénégalais savent pourquoi ils ont élu Diomaye. » Pour lui, « on ne donne pas le pouvoir à quelqu’un les bras liés ». Il prône un soutien total au à la mouvance présidentielle, en soulignant qu’il faut « lui donner tous les moyens » nécessaires pour réussir. Il déplore également ce qu’il perçoit comme un « laisser-aller dans le pays », et insiste sur la nécessité de « mettre le pays sur les rails ».
Le vieil homme regrette que l’opposition semble focalisée uniquement sur les attaques contre la tête de liste de Pastef, Ousamne Sonko, sans proposer de véritable programme alternatif. « Ce que nous voulons, c’est un leader qui présente son programme, et si nous l’acceptons, nous voterons pour lui, pour l’avenir de nos enfants et petits-enfants », affirme-t-il, déplorant le manque d’une vision claire.
« Les discours politiques ne m’emballent pas »
À quelques pas de là, Assane M’Baye, un ancien chauffeur à la retraite, exprime son indifférence totale envers les discours des candidats. « Les discours politiques ne m’emballent pas », affirme-t-il. Pour lui, les politiques sont tous les mêmes, plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par le bien-être du peuple. Il précise qu’il n’écoute pas tous les discours, mais qu’il lit parfois certains messages sur les réseaux sociaux.
Le vieux, Assane, un fervent partisan de Wade, semble désormais désillusionné par la politique. Cependant, il confie qu’il soutient certains discours prônant un nationalisme affirmé et estime que « tous ceux qui travaillent dans ce pays doivent contribuer à son développement ».
Non loin de là, près du marché de Fass, un groupe de vendeurs et de clients se bouscule dans une ambiance bruyante et polluée. Parmi eux se trouve Assane Cissé, un Nigérien installé à Dakar, qui suit également la campagne législative, mais préfère ne pas s’engager dans les débats politiques. « Tout ce que je souhaite, c’est que la paix règne au Sénégal », déclare-t-il. « C’est un pays frère au Niger, et ce que nous voulons, c’est que tout se passe dans la tranquillité. »