« LES VIOLENCES ÉLECTORALES TÉMOIGNENT D’UN RECUL DÉMOCRATIQUE AU SÉNÉGAL », PAUL DOMINIQUE CORREA, PRÉSIDENT ASSOCIATION PRÉSENCE CHRETIENNE
Paul Dominique Correa, président de l’association Présence Chrétienne, a, lors de son passage ce mercredi dans l’émission matinale Salam Sénégal sur Radio Sénégal, sévèrement critiqué l’état de la démocratie sénégalaise en cette période de campagne électorale. Le leader d’opinion a exprimé sa vive inquiétude face aux violences politiques, qu’il considère comme symptomatiques d’un « recul démocratique notoire ».
Paul Dominique Correa a souligné que les violences observées lors de la campagne électorale actuelle illustrent le manque de progrès démocratique du Sénégal. « Si c’était un examen, nous pourrions dire que le Sénégal a fait une régression démocratique », a-t-il affirmé, déplorant la répétition de ce phénomène à chaque élection.
Selon lui, ces actes de violence sont révélateurs d’une crise profonde au sein du système politique, que le pays traîne depuis plusieurs régimes. « Durant tous les régimes que le Sénégal a connus, ce sont les mêmes pratiques, faits et gestes », a-t-il ajouté, insistant sur la persistance de ces dysfonctionnements démocratiques.
M. Correa a pointé du doigt une mentalité enracinée de violence et de conflit dans la sphère politique. Pour lui, une partie de la classe politique sénégalaise perçoit encore la politique comme un « tiraillement », où la violence et les tensions sont inévitables. Cette situation, d’après lui, empêche toute véritable avancée démocratique, laissant place à des pratiques qui nuisent à l’image du Sénégal comme exemple de démocratie en Afrique.
Pour étayer ses propos, Correa a rappelé les promesses issues des Assises nationales de 2013, où des engagements importants avaient été pris, notamment pour renforcer la bonne gouvernance et lutter contre la corruption.
« Les recommandations et engagements de ces assises, signés pratiquement par tous les partis politiques, tardent à être appliqués », a-t-il regretté.
Ce retard d’application des réformes serait, selon lui, la preuve qu’il n’y a pas eu de véritable rupture au Sénégal.
En plus de sa critique des pratiques politiques, Paul Dominique Correa a relevé une méconnaissance des rôles institutionnels chez de nombreux candidats aux élections législatives. Il a déploré le fait que certains candidats « ne peuvent pas différencier les prérogatives d’un député de celui qui exerce un pouvoir exécutif ». Cette confusion des rôles pourrait, selon lui, contribuer à accroître les tensions et malentendus dans l’espace public.
Pour atténuer les tensions et prévenir la violence électorale, Correa a appelé le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) à organiser davantage de débats publics entre les candidats. Il considère que ces échanges médiatiques pourraient favoriser un climat plus apaisé et encourager la compétition démocratique pacifique.
« Avant même le début de la campagne, Présence Chrétienne avait organisé des actions de sensibilisation, s’adressant aux partis politiques, à la société civile, et aux autorités de sécurité telles que la police et la gendarmerie, pour prévenir toute violence », souligne M. Correa.
Paul Dominique Correa a également évoqué la nécessité de maîtriser les joutes verbales et de promouvoir une campagne respectueuse. « Les joutes verbales annonçaient déjà les violences », a-t-il regretté.
Paul Dominique Correa appelle à une prise de conscience urgente au sein de la classe politique et de la société civile sénégalaise.
« Alors que le Sénégal est considéré comme une démocratie phare en Afrique de l’Ouest, les violences électorales et le non-respect des engagements pris lors des Assises nationales de 2013 sont des signes alarmants pour le futur de la gouvernance du pays. À l’approche des élections législatives, j’exhorte les acteurs politiques à prioriser le dialogue, l’apaisement, et à respecter les valeurs démocratiques qui fondent la nation sénégalaise », recommande M. Correa.