
MÉDIAS ET AFFAIRES JUDICIAIRES : LE CORED ALERTE SUR LES DÉRIVES ET RAPPELLE LES RÈGLES D’ÉTHIQUE

Alors que plusieurs personnalités publiques sont entendues dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds « Force Covid-19 » et que le climat politico-judiciaire s’intensifie, le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) appelle les professionnels de l’information à la plus grande prudence. Dans un communiqué publié ce mercredi, le CORED invite les journalistes à traiter les dossiers sensibles avec discernement et à respecter les principes fondamentaux du journalisme responsable.
Un appel à la responsabilité dans la couverture des affaires judiciaires
À l’heure où l’actualité est dominée par des dossiers à forte charge émotionnelle, le CORED rappelle que le droit du public à une information plurielle et de qualité ne doit pas se faire au détriment des droits fondamentaux des personnes mises en cause. Le Conseil insiste sur l’impératif de respecter la présomption d’innocence, la vie privée et la dignité humaine, conformément aux valeurs républicaines et à l’éthique professionnelle.
Le communiqué précise que ces exigences s’inscrivent dans « le respect du droit à la vie privée, des institutions de la République, de l’ordre public et des bonnes mœurs ».
Vigilance dans l’utilisation des images et identification rigoureuse des sources
Le CORED appelle également les médias à vérifier avec rigueur les images utilisées pour illustrer leurs productions, afin d’éviter les amalgames entre des personnes portant des prénoms ou noms identiques. Il exhorte les professionnels à faire preuve de précision dans le traitement de l’information et à utiliser les mots justes, pour ne pas nuire à la réputation de citoyens impliqués, parfois à tort, dans des procédures judiciaires.
Cette vigilance est d’autant plus cruciale que toute erreur de traitement peut induire en erreur l’opinion publique et entacher l’honneur de personnes qui bénéficient, jusqu’à preuve du contraire, de la présomption d’innocence.
Le rappel du Code de la presse
Le Conseil met en exergue l’article 13 du Code de la presse, qui stipule que « le journaliste et le technicien des médias ne doivent pas publier des informations, des documents, des images et des sons dont l’origine n’est pas connue d’eux ». Une disposition essentielle dans un contexte où les contenus non sourcés, souvent issus des réseaux sociaux, tendent à se multiplier et à influencer les débats publics.
Une intervention dans un contexte de fermeté gouvernementale
Ce rappel du CORED intervient dans un climat marqué par une volonté politique affirmée de lutter contre la désinformation. En effet, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, le lundi 14 avril à l’Assemblée nationale, une politique pénale de « zéro tolérance » à l’égard des fausses nouvelles et des comportements irresponsables sur les réseaux sociaux. Cette déclaration, faite lors d’une séance de questions d’actualité, traduit une fermeté accrue vis-à-vis des dérives informationnelles.
Une actualité marquée par des auditions judiciaires
Depuis mardi, l’actualité est également marquée par l’ouverture d’une enquête sur la gestion des fonds Force Covid-19. Plusieurs personnalités publiques sont auditionnées à la Division des Investigations Criminelles (DIC). Des cadres du ministère de la Santé, dont le Directeur de la Prévention, ont été déférés au parquet, suscitant un intérêt médiatique important et une abondance de commentaires dans l’espace public.