Rampes rouillées, insalubrité permanente, caméras de surveillance endommagées, la négligence des chauffeurs et le manque d’entretien sont autant de signes flagrants de dégradation sur de nombreuses passerelles et autoponts de Dakar et de sa banlieue. Ces infrastructures, pourtant essentielles à la circulation, notamment aux heures de pointe où le flot de véhicules devient particulièrement dense, sont de plus en plus vulnérables en matière de sécurité. Cette situation génère un climat de psychose parmi les citoyens, en raison des incidents fréquents impliquant des poids lourds et d’autres véhicules.

Un après-midi à Mermoz, la circulation sur la Voie de Dégagement Nord (VDN) est particulièrement congestionnée. Des piétons de tous âges traversent la chaussée, ignorant les passerelles construites pour leur sécurité. Les récents incidents ont suscité une vive inquiétude concernant la fiabilité de ces infrastructures, et nombreux sont les Sénégalais à pointer du doigt le laxisme des autorités. À Yoff-Tonghor, une passerelle a été endommagée par un camion, entraînant des embouteillages interminables.

Sous l’autopont de la cité Keur Gorgui, Mansour Guèye, profitant d’un air frais, exprime son mécontentement. Vêtu d’une chemise à carreaux, il déplore l’absence de policiers pour dissuader les chauffeurs de poids lourds de circuler là où ils ne devraient pas. « Les policiers, censés gérer ces situations, ne sont pas présents pour dissuader ces chauffeurs. Un camion qui ne doit pas passer à tel endroit doit être dévié par ceux qui surveillent la circulation », déclare-t-il. Il souligne également que certains piétons préfèrent se faufiler entre les véhicules plutôt que d’utiliser les passerelles, mettant ainsi leur vie en danger : « Parfois, ils négligent les passerelles pour se faufiler entre les véhicules », confesse-t-il, ajoutant qu’il lui arrive également de le faire. Ce comportement constitue, selon lui, « un grand danger ».

Non loin de là, Ousmane Ngom, un homme âgé assis à proximité, partage son sentiment : pour lui, les passerelles sont souvent trop encombrantes pour les personnes âgées, qui trouvent difficile de monter les escaliers. « C’est un vrai défi pour les personnes âgées », explique-t-il.

De l’autre côté de la VDN, en face du siège de Sonatel, des piétons traversent la chaussée avec impatience, malgré un panneau interdisant cette pratique. Le crépuscule approche, et l’urgence de rejoindre leurs quartiers de banlieue pousse les gens à ignorer les règles de sécurité. Malgré les inquiétudes, certains piétons continuent de considérer les passerelles comme le moyen le plus sûr pour traverser.

Justin Zallé, qui vient de descendre d’une passerelle sur la VDN, affirme que ces infrastructures demeurent les voies les plus sûres pour les piétons, malgré les incidents récents qui l’ont préoccupé. « Les passerelles restent, et de loin, les voies les plus sûres pour traverser dans les embouteillages », informe-t-il. Il appelle à la construction de davantage de passerelles pour améliorer la fluidité de la circulation, soulignant que plusieurs d’entre elles ont été endommagées dans des quartiers comme Diamaguène et Keur Massar. Justin insiste sur la nécessité de renforcer la vigilance et le contrôle des infrastructures afin de garantir la sécurité des usagers. Cependant, de nombreuses passerelles sont dans un état de délabrement avancé, certaines étant devenues dangereuses et menaçant de s’effondrer.

Dans un communiqué daté du 11 décembre, le ministre des Infrastructures et des Transports Terrestres et Aériens a appelé les conducteurs et usagers à faire preuve de responsabilité et de civisme quant à la préservation des infrastructures et au respect des règles de circulation. Ce message a été réitéré après un incident survenu le 13 décembre, causant d’importants dégâts matériels. Le ministre a également annoncé que des sanctions seraient appliquées aux auteurs de dégradations, tout en précisant que des poursuites judiciaires pourraient être engagées.

Oumar Takourou