Le défilé du 4 avril 2025, célébrant l’anniversaire de l’indépendance du Sénégal, met à l’honneur un thème d’envergure nationale : « Vers une souveraineté technologique et industrielle des forces armées ». Une ambition affirmée qui reflète la volonté du pays de renforcer son autonomie dans le domaine de la défense.

Invité de la matinale Salam Sénégal, le commandant de la zone militaire numéro un, Clément Chrisogone Nassalan, a détaillé les efforts du Sénégal pour atteindre cet objectif stratégique.

Selon le colonel Nassalan, le choix du thème du défilé du 4 avril s’inscrit dans une dynamique nationale visant à réduire la dépendance du Sénégal aux importations de matériels militaires.

« Le Sénégal doit être souverain, mais c’est un long processus. Nous avons commencé par produire nos propres tenues militaires, nous avons nos propres écoles de formation, notamment pour les pilotes, et nous développons des logiciels de défense et de sécurité. Mais le défi est de passer maintenant à la production d’équipements stratégiques. »

L’une des priorités du pays est donc le renforcement des instituts de formation pour développer des expertises locales et permettre, à terme, une production nationale de solutions de défense et de sécurité.

Le commandant Nassalan a souligné que les récentes crises, telles que la Covid-19 et la guerre en Ukraine, ont mis en lumière les vulnérabilités du Sénégal face à sa dépendance aux importations d’équipements de défense.

« Nous avons pris conscience que nous accusions un retard considérable. Ces crises ont perturbé la production et l’exportation de nombreux équipements militaires, nous obligeant à repenser notre stratégie. L’objectif est désormais de structurer un tissu industriel national capable de répondre à nos besoins en matière de défense, mais aussi de santé et d’autres secteurs stratégiques. »

Parmi les priorités immédiates, le colonel Nassalan a évoqué deux axes majeurs, les drones : « Le Sénégal dispose déjà d’ingénieurs qualifiés dans ce domaine. Avec un soutien financier et technologique approprié, nous pourrons produire des drones « made in Sénégal » dans un avenir proche. », les munitions : « Nous avons des ingénieurs en balistique et en fabrication de munitions. Grâce à des coopérations avec des partenaires internationaux, nous prévoyons d’installer une unité industrielle pour produire des munitions de petit calibre. » Ces initiatives visent à garantir une autonomie accrue des forces armées sénégalaises en matière d’équipement et de logistique.

Dans cette dynamique d’industrialisation, le Sénégal a déjà lancé la construction d’une usine de production de véhicules militaires à Mbacké. « Cette usine permettra d’adapter les véhicules aux réalités du terrain sénégalais et de répondre aux besoins logistiques de l’armée. C’est un premier pas vers une montée en puissance du pays dans l’industrie de défense. » L’objectif est, à terme, de produire localement la majorité des équipements de transport des forces de sécurité.

Bien que le Sénégal ambitionne une autonomie technologique et industrielle, le colonel Nassalan reconnaît que l’expertise étrangère est essentielle pour accélérer cette transition. « Nous avons besoin de collaborations avec des pays ayant une industrie de défense avancée. Grâce aux transferts de technologie, nous pourrons rapidement monter en compétence et renforcer notre souveraineté. » Des discussions sont en cours avec plusieurs nations pour des partenariats stratégiques dans les domaines des drones, des munitions et du transport militaire.

Le défilé du 4 avril 2025 sera donc l’occasion de mettre en lumière ces avancées et de montrer que le Sénégal est en marche vers une véritable indépendance technologique et industrielle en matière de défense. Avec ces projets ambitieux, le pays pose les jalons d’une industrie militaire locale capable, à terme, de répondre aux besoins de ses forces armées et de renforcer sa souveraineté nationale.