
AMINATA TOURÉ SUR L’INTERPRÉTATION DE LA LOI D’AMNISTIE | «CE QUI M’INTÉRESSE, C’EST QUE LES AUTEURS DE CRIMES ET LES COMMANDITAIRES SOIENT TRADUITS DEVANT LA JUSTICE »

Aminata Touré, haut représentant du président de la République Bassirou Diomaye Faye, était l’invitée de l’émission En Vérité. Elle s’est exprimée sur la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie, affirmant que l’essentiel n’est pas le nom qu’on lui donne, mais que les auteurs de crimes et de tortures soient traduits en justice.
Interrogée sur l’interprétation de la loi d’amnistie, Aminata Touré a tenu à clarifier sa position :« Moi, j’assume mes positions. Abrogation ou interprétation, ce qui m’intéresse, c’est que les auteurs de crimes et les commanditaires soient traduits devant la justice, quel que soit le nom de la loi. On ne doit pas s’accrocher aux mots. Le pardon et l’amnistie existent dans une République, mais il y a des choses que même la loi ne permet pas au président de la République : les crimes de sang ne peuvent être graciés. D’ailleurs, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ne permet pas non plus d’amnistier des crimes de sang. »
Elle a également rappelé que le député à l’origine de la proposition de loi a précisé que « les crimes de sang et les actes de torture n’en font pas partie », raison pour laquelle elle ne voit aucun problème à l’interprétation de la loi d’amnistie.
Répondant à ceux qui estiment que les simples manifestants ayant commis des dégradations doivent également être poursuivis, elle a nuancé : « Dans ce cas, mieux vaut enlever au président de la République son pouvoir de grâce, car avant la fête de la Korité, il va gracier beaucoup de personnes. Ce qu’il faut retenir, c’est que 51 personnes sont mortes par balle et on a vu des nervis dans une permanence politique. Cela ne doit pas rester impuni. Leurs mères attendent toujours que justice soit faite. »
Elle a ajouté que la différence entre un manifestant qui a brisé une vitrine et une personne ayant commis un crime de sang est fondamentale : « Celui dont la boutique a été détruite peut-être indemnisé, celui qui a été blessé peut être soigné, mais celui qui a perdu la vie, on ne peut pas le ramener. »
Face aux critiques selon lesquelles la proposition de loi serait dirigée contre les forces de défense et de sécurité, Aminata Touré a rejeté ces accusations : « Il faut arrêter de politiser cette question. Nous devons tous souhaiter la stabilité du pays. Il y a eu des moments où l’on craignait un coup d’État au Sénégal, mais cela n’a pas eu lieu. Ce qui est sûr, c’est que toute personne ayant commis des crimes doit être punie par la loi. »
Elle a rappelé que des nervis avaient ouvert le feu sur des manifestants et s’étaient introduits dans des sièges politiques, des faits largement relayés par les médias internationaux. « Ceux qui prétendent que cette loi est contre les forces de l’ordre sont très mal placés pour le dire. Ce texte vise simplement à garantir que justice soit rendue pour les crimes commis. »