
FACE À LA PRESSE, BASSIROU DIOMAYE FAYE CLARIFIE SA POSITION SUR LA JUSTICE, LA REDDITION DES COMPTES ET SON RAPPORT AVEC MACKY SALL

Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, s’est exprimé ce vendredi 4 avril 2025 devant une sélection de journalistes, abordant de front plusieurs sujets d’actualité liés à la justice, à la reddition des comptes, à la loi interprétative récemment adoptée par l’Assemblée nationale, ainsi qu’à sa présence au sein du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Une justice désormais “libre et autonome”
Le chef de l’État a réaffirmé son engagement en faveur d’une justice indépendante, déconnectée de toute pression politique. « La justice ne reçoit plus d’ordre. Elle est désormais autonome, indépendante, et ses décisions ne sont plus orientées », a-t-il assuré. Il a rappelé que les lenteurs dans le traitement des dossiers de reddition des comptes sont essentiellement dues à un manque de magistrats et à l’encombrement du pool judiciaire financier. Mais selon lui, il n’est plus question de manipuler la justice à des fins politiques : « Nous n’exerçons aucune pression sur les magistrats. Ce n’est pas notre manière de gouverner ».
Pas de ciblage contre Macky Sall
Bassirou Diomaye Faye a également rejeté les accusations selon lesquelles l’ancien président Macky Sall serait spécifiquement visé par la nouvelle équipe au pouvoir. « Nous ne ciblons personne. Ceux qui ont géré les deniers publics doivent rendre compte, c’est à la justice de déterminer les responsabilités », a-t-il déclaré. Il a réitéré son respect pour son prédécesseur tout en soulignant que toute éventuelle procédure judiciaire à son encontre relèverait exclusivement du ressort des juges.
Sur la loi interprétative : “On ne peut pas effacer l’histoire”
Abordant la loi interprétative votée récemment par la 15e législature, le Président a indiqué qu’elle sera bel et bien promulguée. Il a rappelé son opposition, ainsi que celle du Premier ministre Ousmane Sonko et des députés de Pastef, à la loi d’amnistie du 13 mars 2024. Pour lui, « il serait dangereux de fermer les yeux sur les événements tragiques de 2021 à 2024 ». Il a affirmé se souvenir quotidiennement des victimes de cette période, dont les portraits ornent les bureaux de plusieurs autorités.
Présence au CSM : “Pas encore le moment de se retirer”
Sur la question de sa présence au Conseil supérieur de la magistrature, Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu’aucun consensus n’a encore été trouvé. Il estime qu’un départ du chef de l’État du CSM ne doit se faire qu’après une réforme concertée. Toutefois, il a précisé que sa présence n’influence aucunement les décisions prises au sein de cette institution.
Arrestations et liberté d’expression : “La justice fait son travail”
Interrogé sur les arrestations pour délits d’opinion ou politiques, le Président a tenu à clarifier que ni lui ni son Premier ministre ne sont à l’origine de ces mesures. Il affirme même n’être pas informé en temps réel de toutes les procédures : « Ce n’est pas à l’exécutif de juger. La justice doit faire son travail sans distinction ». Il a également souligné que les arrestations sont aujourd’hui bien moins nombreuses qu’entre 2021 et 2024, période durant laquelle « des citoyens étaient emprisonnés pour un simple post sur les réseaux sociaux ».
Médiation pénale et égalité devant la justice
En ce qui concerne la médiation pénale, le chef de l’État a précisé que cette procédure est bien prévue par la loi, mais qu’elle relève uniquement de l’appréciation du juge d’instruction. Il a insisté sur l’égalité de traitement devant la loi : « La prison ne doit pas être réservée aux pauvres. La justice ne distingue ni milliardaire ni citoyen ordinaire. Elle est là pour tout le monde ».
Liberté de manifester : pas d’interdictions systématiques
Enfin, sur la question du droit de manifester, le président Faye a déclaré qu’aucune demande de marche n’a été refusée de manière systématique. « Aujourd’hui, il n’y a simplement pas matière à marcher. Mais si des citoyens souhaitent le faire, le macadam est là », a-t-il conclu.
Cette sortie médiatique du président marque une volonté affichée de transparence et de rupture avec les pratiques du passé, notamment sur les questions de gouvernance, de justice et de respect des libertés fondamentales.