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« LA RECONNAISSANCE DU MASSACRE DE THIAROYE PAR LA FRANCE PROUVE L’EFFICACITÉ DE LA PRESSION SÉNÉGALAISE », Pr MAMADOU DIOUF

a-la-une
28 nov. 2024
a-la-une

Le Professeur Mamadou Diouf, président du comité chargé de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais, était l’invité du 20h de la RTS. À seulement trois jours de l’événement, il a détaillé les préparatifs de cette journée de mémoire.

Le professeur Diouf a précisé que « nous avons atteint un point de non-retour dans les répétitions, fruit d’un travail mené depuis la mise en place du comité par le Premier ministre le 6 août dernier ». Selon lui, toutes les activités prévues, tant officielles que culturelles, sont désormais en place.

Revenant sur le contexte historique, l’historien a rappelé que le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, a principalement touché les tirailleurs sénégalais envoyés sur le front européen. Il souligne que « la majorité de ces tirailleurs n’ont pas réellement pris part aux combats, à quelques exceptions près », précisant que beaucoup d’entre eux ont passé quatre années dans les prisons allemandes et françaises.

Pour le professeur Diouf, la reconnaissance par la France du massacre de Thiaroye constitue une preuve que la pression sénégalaise a porté ses fruits. Selon lui, commémorer ce massacre permet de « s’investir dans la recherche des faits et leur établissement », face à « l’opposition de la France qui, depuis 80 ans, a posé des obstacles en refusant l’accès libre aux archives et en fermant le dossier ». Cela a conduit à un manque d’information sur des aspects cruciaux, comme le nombre exact de tirailleurs rapatriés en 1944, les circonstances du massacre, le nombre de victimes, ou encore l’emplacement de leurs tombes.

Afin de faire toute la lumière sur ce massacre, l’historien suggère de suivre la démarche du nouveau régime sénégalais, qui a décidé de faire de cet événement un moment clé de la mémoire nationale. Cela passe par la réouverture du dossier, « un dossier que la France a cherché à garder fermé », car il représente « l’une des pages les plus sombres de son histoire ».

À l’époque du massacre, souligne Mamadou Diouf, la France célébrait la libération, un moment d’euphorie et de liberté, tandis qu’elle exterminait ses propres soldats. Il estime que ce massacre n’est pas suffisamment reconnu, tant par le Sénégal que par les autres pays concernés. La mission qui leur a été confiée, selon lui, est de le commémorer dignement.

Pour honorer la mémoire des victimes et réparer cette injustice, il est essentiel de comprendre pourquoi les régimes sénégalais précédents n’ont pas investi dans cette tâche. « Aujourd’hui, nous avons décidé de mener ce travail de mémoire, de célébrer cet événement et d’en faire un lieu de commémoration. Il faudra donc mener des recherches, enseigner et entretenir cette mémoire », a-t-il déclaré.

Le 1er décembre, un dépôt de gerbes de fleurs aura lieu au cimetière en présence du chef de l’État et de ses invités, avant un déplacement au camp de Thiaroye où se tiendront des discours et des prestations culturelles, notamment le ballet poème de Keita Fodéba.

« Du 2 décembre jusqu’en avril, des recherches, des panels et des conférences seront organisés pour approfondir cette mémoire collective », promet Pr Diouf.

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