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« LE RACHAT DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE PAR L’ÉTAT DU SÉNÉGAL EST UNE BONNE INITIATIVE », MAGAYE GAYE, ÉCONOMISTE

a-la-une
25 nov. 2024
a-la-une

Magaye Gaye, économiste, s’est exprimé sur la possible acquisition de la Société Générale par l’État du Sénégal. Lors d’un entretien accordé à Radio Sénégal Internationale, il a salué cette initiative, qu’il qualifie de « très bonne ». 

« C’est une excellente démarche que de chercher à renforcer le dispositif bancaire national », a-t-il affirmé. Selon lui, les besoins de financement du Sénégal sont immenses, atteignant 18 000 milliards de francs CFA sur les cinq prochaines années. Cette situation appelle à une réflexion approfondie sur les modalités de financement. 

Pour Magaye Gaye, l’ajout d’une banque publique sénégalaise supplémentaire n’est pas une mauvaise chose, surtout dans un contexte où le secteur bancaire est majoritairement contrôlé par des intérêts étrangers. Il déplore une certaine inadéquation entre les objectifs des banques étrangères souvent spéculatifs et orientés vers le court terme et les besoins prioritaires du Sénégal, qui exigent des financements à long terme pour le développement. 

Il a également pointé du doigt des conditions de financement qu’il juge inappropriées et un cadre monétaire « très contraignant ». 

Toutefois, l’économiste invite les autorités à faire preuve de prudence dans cette opération : « Il est important d’acquérir la Société Générale à son juste prix ». Il recommande de scruter attentivement les besoins en recapitalisation, de vérifier la qualité du portefeuille et de prendre en compte d’éventuelles créances douteuses.

Selon lui, une approche basée sur l’actif net – c’est-à-dire la différence entre les actifs et les dettes – serait l’idéal pour cette transaction. 

Face à ce projet de rachat, une question légitime se pose : pourquoi ne pas renforcer la Banque Nationale de Développement Économique (BNDE), qui appartient déjà à l’État sénégalais à hauteur de 82 % ? 

Magaye Gaye reconnaît que cette option pourrait être pertinente. Cependant, il souligne que la Société Générale a perdu des parts de marché significatives au fil des ans. Selon lui, les raisons avancées par la banque pour justifier son retrait d’Afrique  comme les risques géopolitiques ne sont pas les seules explications : « Il y a probablement des difficultés internes et une perte de compétitivité qui ont pesé dans cette décision ». 

Pour envisager un renforcement de la BNDE, Magaye Gaye préconise un audit approfondi, qui pourrait s’étendre au Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et au Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS). Si le rachat de la Société Générale s’avère opportun, il propose qu’il soit réalisé à travers la BNDE. 

L’économiste identifie trois principales alternatives pour répondre aux besoins de financement du pays, avec la création d’une nouvelle banque publique, en complément ou en alternative au rachat de la Société Générale. 

Il faut, selon lui, également transformer la Poste en banque postale. Cette option reposerait sur le réseau étendu d’agences et le patrimoine foncier de la Poste, malgré ses défis organisationnels et financiers.

« Les besoins en recapitalisation de la Poste sont estimés à 174 milliards de francs CFA, soit un montant proche du prix de vente fixé par la Société Générale », explique Magaye Gaye. Mais aussi de renforcer la BNDE et consolider les structures existantes, notamment le FONGIP et le FONSIS, à la suite d’audits rigoureux.

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