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LÉGISLATIVES | QUELS ENJEUX POUR LES CANDIDATS ET COALITIONS ?

a-la-une27 oct. 2024

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Le Conseil constitutionnel a fixé à 41 le nombre de listes de partis, coalitions et entités politiques qui concourront pour les législatives anticipées du 17 novembre. Ce scrutin revêt des enjeux cruciaux pour le nouveau pouvoir, mais également des conséquences pour certains ténors de la politique. Des analystes politiques partagent leurs avis.

La dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye, le 12 septembre, a entraîné l’organisation rapide d’élections législatives anticipées pour représenter le peuple à l’Assemblée nationale. Ces élections sont d’autant plus significatives que le nouveau pouvoir souhaite obtenir une majorité confortable pour mener à bien son agenda politique et concrétiser son « Projet » soumis aux électeurs lors de la présidentielle. De son côté, l’opposition espère établir une représentation solide et former des alliances pour mieux contrôler l’action gouvernementale.

Une Assemblée pour soutenir le pouvoir

La guerre politique était latente avant la dissolution de l’Assemblée nationale. L’opposition, ayant la majorité, pouvait bloquer les projets du gouvernement. Les discours houleux avaient resurgi, mais la main du président a agi rapidement avec la dissolution. Un nouveau scénario se dessine avec la volonté du nouveau régime de conquérir l’Hémicycle avec ses propres députés. C’est tout l’enjeu du 17 novembre.

Pour Hamidou Samba Bâ, enseignant en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et dans plusieurs établissements privés de la capitale, les enjeux pour le pouvoir consistent à avoir une Assemblée qui l’aide à faire passer les réformes. Selon lui, l’Assemblée nationale est un lieu de pouvoir, et les partis politiques ont besoin de cet espace pour s’ancrer. Les enjeux sont donc clairs : le pouvoir sortant joue sa dernière carte pour évaluer sa popularité auprès des Sénégalais. Celui qui a terminé deuxième à la dernière présidentielle souhaite mesurer sa force politique. Ces législatives détermineront son avenir politique, tout comme celui de nombreux autres candidats.

Concernant les petites coalitions ou partis, Hamidou Samba Bâ estime qu’ils cherchent à exister sur la scène politique, en rappelant la trajectoire de l’actuel parti au pouvoir. Ces législatives représentent pour eux un baromètre de survie, car elles vont reconfigurer le champ politique. Il explique que cela justifie les alliances formées, même avec des divergences profondes, comme la coalition Taku Walu Sénégal, regroupant Macky Sall, le PDS et d’autres. C’est une coalition de circonstance pour un but précis. Le plus important serait de voir le PDS agir de manière autonome, mais les enjeux électoraux sont lourds, et les partis n’ont pas intérêt à se lancer seuls, conclut-il. Quant au parti au pouvoir, le PASTEF, il cherche à positionner ses membres et s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale, dans un contexte favorable.

Le Dakar de Barthélemy s’arrête à Mermoz

Concernant la capitale, qui compte le plus de postes de députés, Hamidou Samba Bâ pense que ceux qui luttent pour sa conquête, comme Barthélemy Dias, n’ont pas le poids nécessaire. Selon lui, Khalifa Sall est celui qui pourrait gagner, car il a une base politique solide et s’est imposé pendant longtemps. En revanche, l’actuel maire de Dakar, Bâ estime que le parcours de Dias fils s’arrête à Mermoz, car, bien qu’il soit maire de la ville, il ne possède pas la même base affective que Khalifa. Ce qu’il peut faire, dit-il, c’est s’appuyer sur le soutien des plus forts pour espérer siéger à l’hémicycle.

L’enseignant s’interroge également sur l’avenir politique d’Amadou Bâ, arrivé deuxième à la présidentielle, et se demande s’il souhaite réellement poursuivre sa carrière politique. Selon lui, il n’a pas effectué beaucoup de terrain, contrairement à ses adversaires au pouvoir qui sont toujours actifs sur le terrain.

L’enjeu pour l’opposition : revenir à l’Assemblée nationale

Pour Ousmane Séne, formateur et analyste politique au Cesti, les enjeux de ces législatives sont multiples. Il souligne qu’en politique, il ne faut jamais dire « jamais », car les hommes politiques ont la capacité de former toutes sortes d’alliances qui ne durent souvent que le temps d’une élection. Le mot d’ordre de l’opposition face à un pouvoir en état de grâce devrait être : « unissons-nous ». Cependant, il constate que certains opposants sont pris en flagrant délit d’intérêts personnels, cherchant à être en tête de liste ou à la tête de la liste nationale sans pouvoir garantir une victoire sur une base solide. Cela explique certaines alliances contre nature visant à maximiser les chances et à obtenir des gains politiques particuliers, surtout lors des législatives.

L’enjeu est donc de retourner à l’Assemblée nationale face à un pouvoir récemment installé et bénéficiant de la faveur du peuple. Avec un vide à combler, chacun s’est précipité dans ces législatives. Cela explique les stratégies d’alliances fondées sur des intérêts personnels, loin de toute logique rationnelle. En politique, la quantité prime souvent sur la qualité, et l’arithmétique politique se réduit à une addition de voix. Ainsi, il n’est pas surprenant de voir des acteurs politiques s’allier avec d’anciens ennemis ou rejeter des anciens alliés au profit de nouveaux partenaires.

Les alliances font-elles peur au pouvoir ?

Ces alliances suscitent-elles la peur au sein du pouvoir ? Ousmane Séne répond que oui, car lorsqu’un pouvoir s’installe, il bénéficie d’un état de grâce. Cependant, avec la contestation qui s’est manifestée en sept mois, cela peut représenter une menace. En effet, il est trop tôt pour que le pouvoir impose des restrictions. Le pouvoir a une longueur d’avance qui lui permet d’être serein, surtout avec le scrutin proportionnel, qui permet l’élection de députés de l’autre camp. À l’inverse, dans le cadre départemental, un écart d’une voix peut tout changer.

La conquête de Dakar pourrait être rude

Contrairement à Hamidou Samba Bâ, qui est confiant quant à la victoire du pouvoir, Ousmane Séne estime que la lutte pour la conquête de Dakar sera intense. L’opposition, ne souhaitant pas rester les mains vides, commence déjà à se préparer et à anticiper certaines questions, ce qui montre que Dakar est un enjeu crucial. Les hostilités ont d’ailleurs déjà commencé avec des meetings et des événements en préparation. Selon lui, le pouvoir a toutefois de bonnes chances de conserver Dakar.

Il souligne que, en politique, chaque mesure compte, tout comme les demi-mesures. Par exemple, le Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) est actuellement dans une position délicate. Si le PUR choisit de suivre l’exemple de Déthie Fall et de rallier le pouvoir, ce serait un coup dur pour le parti. En revanche, rester fidèle à sa logique lui permet de maintenir une certaine cohérence, même s’il a tendu la main à Sonko et à ses compagnons par le passé sans réponse favorable. Cela montre qu’il n’a jamais rejeté les négociations ou alliances, mais le pouvoir s’est replié.

S’allier avec les ennemis d’hier pour gagner ?

Bien qu’Hamidou soit catégorique sur le faible poids d’Amadou Bâ, Ousmane Séne pense qu’il pourrait s’allier avec sa famille politique de l’APR, ainsi qu’avec le socialisme. Cette alliance contre nature pourrait être bénéfique, bien qu’il soit difficile de mesurer son impact. Selon Ousmane, le succès dépendra des résultats de cette coalition. Amadou Bâ est quelqu’un de très réservé et parle rarement en public, ce qui est problématique en politique. Il est toujours préférable de rester visible et de faire parler de soi, que ce soit en bien ou en mal.

Les conséquences de ces législatives pourraient être significatives, risquant de mettre certains acteurs politiques à la retraite et de disloquer de nombreuses coalitions s’ils n’obtiennent pas de résultats satisfaisants. Ousmane Séne souligne particulièrement le cas d’Amadou Bâ : s’il ne réalise pas une percée lors de ces législatives, surtout après la façon dont le président Macky Sall lui a tourné le dos, cela pourrait être fatal pour lui. En revanche, un bon résultat pourrait lui permettre de se repositionner sur l’échiquier politique et de devenir un véritable opposant au pouvoir. Quant aux autres coalitions et partis, ils ont tout intérêt à prouver leur force pour rester sur la scène politique.

Oumar TAKOUROU

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