Symbole de discipline, de patriotisme et de service à la Nation, l’armée sénégalaise s’est progressivement imposée comme un acteur central du développement national. Du soutien ponctuel aux interventions stratégiques multisectorielles, le concept d’Armée-Nation, cher aux pères fondateurs de la République, s’est adapté aux défis de chaque époque. Un voyage dans le temps s’impose, des années Senghor à la gouvernance actuelle de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.

Une alliance civilo-militaire fondée sur le service et la solidarité

Née dans l’élan de construction nationale post-indépendance, l’Armée sénégalaise a toujours été plus qu’une force de défense. Elle incarne un idéal républicain, proche des populations, engagée dans la sauvegarde de la paix, mais aussi dans l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Le concept d’Armée-Nation, à la fois symbolique et opérationnel, reflète cette harmonie entre les Forces de défense et les démembrements de l’État.

1960-1980 : l’ère pionnière de Senghor et l’ancrage du modèle

D’après le général de corps aérien Mamadou Mansour Seck, les premières décennies de l’indépendance ont été marquées par un engagement ciblé des forces armées dans le développement socio-économique. Entre 1960 et 1970, leur contribution se concentrait sur des interventions ponctuelles : soutien à l’agriculture, secours en cas de catastrophe, renforcement des infrastructures. De 1970 à 1980, l’armée a été mobilisée pour des missions d’urgence : construction d’ouvrages hydrauliques, campagnes de vaccination, et extension de périmètres agricoles. Mais ces actions restaient encadrées par leur priorité fondamentale : la défense du territoire.

1980-2012 : des années de repli stratégique

Sous la présidence d’Abdou Diouf, les contraintes économiques liées aux Programmes d’ajustement structurel (PAS) ont réduit les capacités d’action des forces armées. La crise casamançaise a, par ailleurs, recentré leur mission sur la sécurité intérieure. Sous Abdoulaye Wade, l’État a privilégié les partenariats public-privé pour ses projets structurants. L’armée n’intervenait alors que ponctuellement, à travers des programmes comme le Plan Reva ou Goana, ou encore lors de catastrophes naturelles.

2012-2024 : Macky Sall, l’armée au cœur du développement national

Le tournant s’opère véritablement sous le président Macky Sall. Avec le Plan Sénégal émergent (PSE) en toile de fond, l’armée se voit confier un rôle stratégique dans l’édification d’un Sénégal moderne. Le concept d’Armée-Nation rénové prend tout son sens : renforcement des capacités humaines et logistiques, participation à la construction d’infrastructures, contribution à la santé, à l’éducation, et à l’agriculture, notamment dans les zones reculées. L’institution militaire devient un levier d’action publique au service de l’équité territoriale et de la résilience nationale.

2024 et au-delà : vers une armée actrice de la souveraineté nationale

Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye s’inscrit dans cette dynamique. Dans le cadre de son projet de souveraineté et de développement endogène Sénégal 2050, il réaffirme le rôle central des forces armées. Celles-ci sont appelées à intensifier leur implication dans les projets économiques et sociaux, contribuant à un modèle de développement autocentré, résilient et durable.

Une armée, un peuple, une ambition

Du soutien ponctuel à l’acteur structurant, l’armée sénégalaise a su évoluer au rythme des mutations politiques et socio-économiques du pays. Plus qu’un concept, l’Armée-Nation est aujourd’hui une réalité opérationnelle : un moteur de cohésion, un bras armé du développement, un garant de la souveraineté. À l’heure des défis sécuritaires et des enjeux de développement, cette alliance républicaine demeure l’un des piliers de la stabilité et de la transformation du Sénégal.