Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé ce jeudi 3 avril une réunion interministérielle consacrée à la situation préoccupante de la compagnie Air Sénégal SA et de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD SA). À l’issue des travaux, plusieurs décisions ont été arrêtées pour assurer la relance durable de ces deux acteurs clés du transport aérien national.

Le diagnostic partagé a mis en lumière les graves difficultés financières que traversent Air Sénégal SA et AIBD SA. La compagnie nationale, créée en 2018, affiche une dette de plus de 118 milliards FCFA malgré un soutien public cumulé de 181 milliards FCFA. Les pertes enregistrées en 2022 et 2023, conjuguées à une gestion jugée défaillante, ont mis à mal son développement. Le plan de relance adopté en 2022 n’a été mis en œuvre qu’à hauteur de 5 %.

Du côté d’AIBD SA, le constat est tout aussi préoccupant. La société, pourtant chargée du développement du hub aérien national, connaît un déséquilibre budgétaire important : ses ressources propres ne couvrent qu’un quart de ses besoins en 2024. La masse salariale a fortement augmenté en trois ans, et près de 200 milliards FCFA de redevances aéroportuaires ont été consommés dans des conditions peu transparentes. Plusieurs projets d’infrastructures sont inachevés, et seule la plateforme de Cap Skirring est certifiée à ce jour.

Face à ce constat, le Gouvernement a défini une stratégie de redressement axée sur la création d’un groupe de sociétés d’aviation porté par Air Sénégal, avec un recentrage sur les missions essentielles, un renforcement des synergies avec AIBD SA, et un appui renforcé à la connectivité nationale et régionale. Des partenariats stratégiques seront recherchés, notamment avec le secteur privé sénégalais, pour appuyer cette ambition.

Parmi les mesures immédiates décidées, figure l’apurement des dettes d’exploitation d’Air Sénégal d’ici fin juin 2025, un audit complet de sa gestion, la reconstitution de ses fonds propres, la création d’une filiale dédiée aux vols intérieurs, ainsi que l’adaptation de son réseau à ses capacités réelles. L’acquisition de nouveaux aéronefs de type L410NG est également actée.

Concernant AIBD SA, des audits organisationnels et financiers seront lancés, accompagnés d’une rationalisation des dépenses, d’un plan social progressif, et de la révision de la convention de concession liant AIBD à la société LAS. Le Gouvernement entend également renforcer les capacités de l’ANACIM, dynamiser le fret aérien, et finaliser les travaux de plusieurs aéroports régionaux avant fin 2025.

Un Conseil national des transports aériens sera mis en place pour assurer la coordination et le suivi stratégique de la gouvernance du secteur, sous la supervision directe du Premier ministre. Ces décisions s’inscrivent dans la mise en œuvre du référentiel « Sénégal 2050 », qui place le transport aérien au cœur de la transformation économique du pays.